Aller au bout du projet, rester sur le seuil, sorties de route…
Un an et demi après le lancement de la démarche, les copropriétaires qui restent dans le jeu ont défini les travaux qu’ils souhaitent réaliser, en veillant à atteindre un gain énergétique suffisant pour profiter des aides financières offertes par l’expérimentation urbaine. Ils s’avancent alors comme les maitres d’ouvrage de leur projet dans la phase de maitrise d’œuvre.
Aller au bout du projet ?
Nous retrouvons une assemblée clairsemée de copropriétaires référents dans un nouvel atelier collectif organisé au moment où s’engage la recherche d’un maitre d’œuvre. Les copropriétaires racontent les réussites, les aléas, les doutes. Ils font part du temps passé et de l’énergie qu’il faut pour tenir le collectif. Une référente évoque sa difficulté à fédérer autour d’un projet des copropriétaires qu’elle n’a pour certains jamais vus en 15 ans. Une autre relate la déception de sa copro, qu’elle décrit comme « une équipe », lorsque celle-ci s’est vue refuser une isolation par l’extérieur pour préserver la façade de son immeuble, alors qu’elle-même le juge « très moche : il ressemble à un paquebot », montrant ici que la dimension patrimoniale du parc reconstruit n’est pas nécessairement appropriée par les habitants.
L’entrée dans le jeu des maitres d’œuvre et des syndics professionnels
A l’été 2018, les copropriétaires lauréats organisent, avec plus ou moins d’assurance, la suite des opérations. Cela se fait avec une certaine appréhension vis-à-vis de la réussite de la phase de traduction d’un projet de faisabilité vers un projet de maitrise d’œuvre. A travers cette séquence, apparaissent des enjeux de domination révélés par la confrontation aux experts et au monde de la construction, et l’on perçoit que les ressources des copropriétaires en la matière sont inégales.
Revoir les ambitions ?
Les copropriétaires référents nous racontent ici comment leurs copropriétés ont défini leurs choix de travaux, en réduisant souvent les ambitions initiales. Rue de l’Ancien hôpital, on a préféré restreindre le gain énergétique, plutôt que de devoir rogner sur la surface des logements en réalisant une isolation par l’intérieur. Rue de la Vieille église, après des aléas nombreux tenant à une recomposition de la copropriété, c’est un vote majoritaire qui permet d’acter de la réalisation de travaux sur un scénario minimum pour ne pas trop heurter les propriétaires réticents.
Sortie de route
Un certain nombre de copropriétés n’aboutiront pas leur projet de rénovation. Les raisons pour s’arrêter en cours de route ne manquent pas : la difficulté de mobiliser des copropriétaires, les résistances vis-à-vis de dépenses (même si celles-ci pourraient être en grande partie couvertes par les aides publiques proposées), le caractère mouvant, presque vivant, de la copropriété à mesure des changements de propriétaires… Nous restituons ici par un texte une de ces « sorties de route ».